Gilbert Lupfer, le peintre qui « n’aime pas les tableaux finis »

Les œuvres de Gilbert Lupfer feront l’unanimité, et de par leur profondeur, leur originalité et leur éblouissante intensité. Des acryliques et des sculptures, l’art s’émancipe en ordre et en désordre, jusqu’à se mettre à table ! A voir absolument.

Dans une demi-obscurité et une intimité qui leur vont si bien, les murs de pierre de la Maison natale seront étonnants de clarté, de profondeur, de mobilité. Avec les larges fresques accrochées aux cimaises, ils pagaieront vers la liberté ; ils se fraieront un chemin dans l’imagination du visiteur, à travers des formes et des couleurs agréables et étincelantes qui, liées les unes aux autres, à l’image de vitraux, créeront comme des sortes de Kaléidoscopes. « Je n’aime pas les tableaux finis », confie Gilbert Lupfer, artiste mosellan, quatrième invité des Amis de Claude Gellée. Il dira aussi, « ce qui m’importe est que le tableau vive ».

Les sculptures, de leur côté, choisiront l’émancipation. Elles dégageront de l’humour, de la gaieté, de l’indépendance, cherchant le revers de la médaille pour qui est habituellement conventionnel. Longilignes, ces baguettes joueront au mikado à la verticale. Assiettes, verres et couverts vont jusqu’à se mettre à table ; supercherie pure, puisqu’ils ne sont plus destinés à être utilisés, se tordant de rire et d’opposition ! « Je suis l’outil de la matière », confiera, modeste, l’artiste qui s’éclate avec l’art, vit avec lui et pour lui. « L’art c’est ma vie », avouera celui qui a commencé sa vie professionnelle en étant peintre en bâtiment.

Les participants au vernissage, accueillis par Gilbert Didierjean, conseiller général et André Roth, président du musée départemental, ont été véritablement conquis par la qualité, mais aussi par la simplicité de l’artiste. Tout en ressentant chez lui, une grande volonté ; lui qui a appris l’art en candidat libre et séjourné plusieurs fois dans les pays de l’Est, à cette époque-là, sous influence soviétique.

Aspirant aujourd’hui, à retourner, d’un coup de cuillère, le monde. « Le monde est malade ; dans mes peintures, j’enlève les maladies. »

par I.J.
Paru le : 31 juillet 2005 (Liberté de l’Est)